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Attentat du Crocus City Hall : après avoir accusé Kiev, Moscou désigne les Occidentaux

Evoquée avec un vernis de précaution au lendemain de l’attentat contre le Crocus City Hall, le 22 mars, l’implication de l’Ukraine dans cette attaque meurtrière (139 morts et 182 blessés) a désormais valeur de loi d’airain en Russie, et tous les hauts responsables de ce pays sont priés de s’y plier.
« C’est l’[organisation] Etat islamique ou l’Ukraine ? », demande un journaliste, au détour d’un couloir, à Nikolaï Patrouchev, secrétaire du Conseil de sécurité, mardi 26 mars. Réponse aussi brève que claire : « Bien sûr que c’est l’Ukraine. » Le même jour, le procureur général, Igor Krasnov, reprenait à son compte cette théorie, imitant en cela l’ancien président Dmitri Medvedev ou d’autres responsables de niveau inférieur.
Cette « vérité » actée, il convient de passer à la phase suivante : l’accusation désormais formelle d’une complicité occidentale, jusque-là évoquée seulement par les propagandistes les plus zélés du régime, sur la base des avertissements transmis par les services américains quant à l’imminence d’un attentat contre une salle de spectacle.
Alexandre Bortnikov, le directeur du FSB (services de sécurité), s’est montré le plus explicite à ce sujet, mardi : « Nous pensons que l’action a été préparée par des islamistes radicaux et, bien entendu, facilitée par les services secrets occidentaux, et que les services secrets ukrainiens eux-mêmes sont directement impliqués. »
M. Bortnikov a aussi assuré, sans préciser d’où il tenait ces informations, que les assaillants présumés, arrêtés samedi selon Moscou dans une zone frontalière de l’Ukraine et de la Biélorussie, étaient « attendus » en Ukraine pour y être accueillis « en héros ». Le chef du FSB a seulement assuré, plus tard dans la soirée, que les informations données par les suspects, qui ont été ouvertement torturés, confirmaient la « piste ukrainienne ». Il a aussi confirmé que ses services avaient été avertis par Washington de l’imminence d’une attaque contre un lieu de rassemblement de masse et avaient pris « toutes les mesures appropriées ».
Vladimir Poutine avait donné le ton, la veille, en s’exprimant en ouverture d’une réunion du gouvernement. S’il a bien admis, pour la première fois, que « ce crime a été commis par des islamistes radicaux », il a prévenu : « Ce qui nous intéresse, c’est le commanditaire. » Et il a immédiatement proposé une réponse : « L’attentat du Crocus pourrait bien être une nouvelle tentative de ceux qui combattent la Fédération de Russie depuis 2014 en utilisant le régime néonazi de Kiev » – soit, dans la rhétorique russe, les Occidentaux.
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